Nous passons une dernière journée dans la capitale inca, que nous finissons par connaître comme notre poche, à force de chercher des rétros pour nos vélos (la route jusqu'à La Paz risque d'être davantage chargée en trafic, cela peut donc s'avérer utile), de faire tous les magaz' spécialisés en camping pour dégoter une bombonne de gaz, d'explorer les meilleurs restos qualité-prix et s'aventurer au marché pour des jus de fruit à gogo, entre autre.
On enfourche nos vélos, comme d'hab, chanceux avec le temps: il a plu toute la nuit mais ce matin-là, il fait grand beau, direction le Lac Titicaca. Nos six derniers jours au Pérou ont été chargés d'émotions diverses... oui, c'est la "fin" d'une partie de notre voyage, une page qui se tourne, mais c'est également tout un tas de choses qui nous sont arrivées. On espère qu'on arrivera à vous retranscrire au mieux nos états d'âmes... Bon, au pire, cet article ressemblera à un vieux bouquin de science fiction incompréhensible, et c'est pas grave. Allez, joyeuse lecture!
On n'a évidemment pas d'images de notre sortie de Cusco parce qu'on se
grouillait de quitter cette trentaine de kilomètres chargés de
poussières et de gaz. Berk, même Cédric le fumeur invétéré est dégoûté!
Pour arranger les choses, les chiens morts écrasés sur la route ou
salement abandonnés sur le bas côté se multiplient, et les déchets se
font plus nombreux que les buissons. On est dégoûtés de voir comment un lieu peut être délaissé jusqu'à ressembler à une véritable poubelle. Heureusement, les paysages se font plus beaux au fil des heures, la vallée s'élargit et on retrouve avec joie l'odeur connue des Eucalyptus, tout en longeant la paisible rivière Vilcanota.
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Camping odorant! Certains d'être terriblement bien planqués par les eucalyptus, on entame notre petite popote. Alors qu'on commence à humer la potence qui nous attend (certainement des "pâtes à la soupe", une sorte de soupe maggi avec tellement de pâtes que ça ne ressemble plus à une soupe...), la voix grave d'un péruvien nous fait sursauter! - Peruanos, peruanos? On se lève d'un coup et on se dirige (Aline tremblante) vers la voix. On fera la rencontre ce soir-là d'un vieux papi qui descendait de la colline avec ses ânes, la bouche pleine de feuilles de coca et le coeur remplit d'amour. On se souviendra toujours de sa phrase préférée: " todos estamos hijos de dios". Complètement rassuré, Cédric dormira sur ses deux oreilles, tandis qu'Aline passera la moitié de la nuit à se faire des films... |
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Le ciel est magnifique au petit matin, et une fois de plus, la nuit fut calme. |
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Vous devez vous dire: "ils commencent à nous gaver avec leurs ruines incas"... désolés, c'est les dernières. Voici le Temple de Wiracocha, ou ce qu'il en reste. |
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Hihi, Aline, toute contente de poser pour une photo "cool". C'est sans se douter que dix minutes plus tard, elle s'engueulera avec son époux pour des histoires de couples... et finira en pleurs au bord d'un chemin, à côté d'une vache et des cars de touristes qui débarquent pour visiter les ruines. Bon, on repart réconciliés. |
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On est surpris et contents de découvrir que dans cette région, la population semble se bouger pour des causes importantes. |
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Il y a des jours où ça ne va pas. C'est le cas pour Aline. Pas la motiv' pour pédaler, Cédric doit la traîner pour effectuer les derniers kils. Au col, elle n'en peut plus, faudra dormir ici. On est à 4310 mètres, le soleil réapparaît pour quelques minutes et l'endroit est beau et calme. |
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Cédric n'est pas difficile, lui. Donc on s'installe, tout contents. Il ne fera même pas si froid pour cuisiner ce soir-là. Et les étoiles nous accompagneront le temps du souper. Il pleuvra une bonne partie de la nuit, mais avec notre matos de camping de compét', c'est un rêve de dormir dans la tente, bien au chaud et au sec. |
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Alors là, c'est un des moments inoubliables du voyage. A droite, sur le petit surplomb plat, vous pouvez voir le vélo de Cédric, chargé et prêt à partir. Au centre à gauche, plus bas, vous découvrez le vélo d'Aline, qui lui, n'est plus du tout prêt à partir. Pourtant, une minute avant, c'était le cas. Si seulement cette grosse gourde ne l'avait pas laissé à quelques centimètres du gouffre de 5 mètres, alors qu'une petite voix lui avait bien dit;" heu, fais gaffe, t'es sûre qu'il ne va pas tomber, là?"... Vous auriez du voir Cédric foncer comme un cabri en furie en bas la pente qui mène à la rivière et le vélo faire trois tours sur lui-même avant de finir piteusement dans la rivière, tandis que les sacoches se faisaient la malle dans tous les sens... Résultat des courses, en faisant l'état des lieux des dégâts, on n'a recensé qu'une sacoche endommagée, le phare avant foutu et la boussole - sonnette détruite, ainsi que le nouveau rétro explosé (paix, à sa petite âme, il n'a que deux jours). Un moindre mal au vu de la chute! On repart une heure plus tard un peu chamboulés mais soulagés aussi. |
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Journée difficile pour les deux. Pourtant remis de nos émotions du matin, on n'a pas la frite. Les longs bout droits et plats, on trouve ça chiant. En plus il fait moche et froid, et les gens croisés ne nous donnent pas envie de discuter. Bref, une journée de merde. On regarde passer le train, bêtement. Bon, on aura quand même fait 80 kil en une après-midi, c'est peut-être d'ailleurs pour ça que c'était si chiant... |
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Même les conducteurs de ces vieilles voitures, dont les signes et les klaxons ne sont pourtant que chargés de gentillesse, nous énervent... |
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C'est la que la vie nous parle. Alors que la journée avait été la plus pourrie de toute, sans crier gare, c'est la révélation. Le ciel gris a fait place à un rideau de nuages blancs et doux qui flottent sur un horizon bleu azur, le sol s'est paré d'un duvet d'herbes dorées, et notre regard peut s'étendre à 360degrés, c'est partout comme ça, plus une montagne. Un sentiment puissant de liberté nous envahit tout les deux. Pendant quelques minutes, on pédale sans rien dire, on prend de grandes bouffées d'air frais. Et on vit le moment présent comme jamais. Aline doit même s'arrêter pour sécher ses larmes! |
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L'altiplano... l'occasion de prendre conscience de ce qu'on est: une riquiqui petite chose dans cet univers, de ce qu'on fait: réaliser nos rêves, de qui on est: deux imbéciles à vélo, et de qui on aime, vous... |
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Une fois de plus, on s'énerve parce qu'on se dit que faire un trou, non de dieu, c'est quand même pas la mer à boire. |
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Juliaca, une ville contrastée qui nous fait sourire. On traverse des rues boueuses à souhait, voire même des pataugeoires, et à la sortie de la ville, les universités ressemblent à des vaisseaux spatiaux. |
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C'est la première fois qu'on voit des taxis écologiques, youpiii! |
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C'est le 1er novembre, et bizarrement, ce jour-là, d'après ce qu'on a compris, les péruviens fêtent les vivants. Les morts sont célébrés le 2. Toutes les tombes en bordure de route sont décorées avec soin. Et au passage, on y laisse une ou deux bouteilles des bière vides... |
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On est tout excités à l'idée d'apercevoir enfin le Lac Titicaca, "le
plus grand lac d'altitude navigable du monde", alors on a pédalé comme des forcenés,
surtout qu'on sentait que le temps allait se gâter... |
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Alors, elle est pas belle, cette vue? |
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A Puno, il a plut quand on y est arrivés, mais on repart sous le soleil. C'est la ville où on a le plus mal mangé et on s'en souviendra. |
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La partie Puno - Copacabana, on a adoooooooré! Le lac est magnifique, le rivage est parsemé de petits lopins de terre cultivés avec amour, les lamas et les moutons semblent y paitre avec bonheur, les gens rencontrés tout le long de notre chemin sont si chou qu'on se réconcilie avec le peuple péruvien, qui nous avait paru un peu bourru ces derniers jours! |
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Ce monsieur fabrique des cordes. Il vend sa corde à environ 15 francs et selon lui, il la fait en 10 minutes. |
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Et Juni, on quiffe aussi. Y'a plein de ptits vieux partout, c'est jour de la pension. |
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Ils travaillent dur sur les bords du lac Titicaca. La journée, il fait sacrément chaud... |
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.... et la nuit, il neige!! |
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Cette étendue bleue, on aime! |
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Rencontre touchante! |
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Allez, on investit nos derniers soles pour une dernière glace Nesquik au Pérou! |
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A Copacabana ( pas la brésilienne, hein), vous voyez, on se laisse pas aller. |
Petite déception en arrivant quand même, on pensait retrouver notre ami Mike, qui est parti. Par contre, on découvre des Boliviens accueillants, une ville propre, calme et charmante (parce que touristique?), une vue depuis notre terrasse à couper le souffle. Bref, on se croirait en vacances (en côte d'Azur). A bientôt pour de nouvelles aventures, on vous embrasse très très fort.