Depuis Bariloche en Patagonie Argentine, et à retardement, nous profitons d'un hôtel et d'une connexion internet pour vous faire part de la dernière partie de nos aventures dans le sud bolivien.
Les derniers achats réalisés, c'est le jour de l'anniversaire de Cédric que nous quittons San Juan pour nous lancer sur la fameuse route des lagunes et les 300 kilomètres de piste qui nous séparent de la frontière avec le Chili. Dans nos sacoches nous avons de quoi tenir 10 jours en autonomie. Avec le plein d'eau que nous pouvons faire chaque 2 jours, les vélos pèsent approximativement 60-65 kg pour celui de Cédric et 45-50 kg pour celui d'Aline. Quasi nos poids respectifs. Nous faisons route pour cette première partie avec Mathieu qui nous quittera le lendemain matin pour avancer plus rapidement dans le but de ne pas louper son avion à Santiago le 17 décembre. C'est avec un peu d'appréhension et un soupçon d'excitation que nous effectuons nos premiers coups de pédale en partant de San Juan. La première journée se déroule principalement sur le Salar de Chiguana (encore un, qui n'égale cependant pas les autres) avec dans l'après-midi une première montée de col sur une piste caillouteuse et sableuse qui mettra déjà le moral des troupes (féminine particulièrement) à rude épreuve. Effectivement, pousser son vélo chargé à souhait sur de la caillasse sablonneuse à la montée, et ce, sur plusieurs kilomètres, ça peut avoir tendance à décourager...
Sur ces pistes du sud Lipez, nous nous apercevrons rapidement qu'il nous est bien difficile d’effectuer des grandes distances et notre moyenne journalière ne dépassera pas les 40 kms. Nous resterons également durant ces 10 jours à des altitudes supérieures à 4000 m, mais depuis le temps nous y sommes habitués et cela ne nous posera pas de problème majeur.
La route est réputée très difficile et nous le savons, mais les paysages sont d'une telle beauté que nous ne pouvons pas nous empêcher d'aller voir par nous même, et comme nos vélo nous ont emmené partout depuis notre arrivée en Amérique du sud, il n'y a pas de raisons que ça change!
Sur ces pistes boliviennes reculées, on ressemble à deux tortues qui évoluent étrangement, comme si on poussait nos carapaces au lieu de les porter. Lorsque le soleil brille, il ne nous réchauffe pas, il nous crame. Lorsque le vent souffle, si il s'agit d'avancer, on prie pour qu'il soit dans notre direction, et si on est arrêtés, on cherche immédiatement du regard un quelconque élément pouvant nous en protéger: grosse pierre ou ruine abandonnée font souvent l'affaire. Nous pédalons ou marchons sans arrêt dans le sable, à tel point qu'il est devenu un peu une prolongation de nous. Lorsqu'il est possible d'avancer à vélo, il vaut mieux rester concentré. Oh malheureux débutant celui qui se laisse aller à quelconque rêverie, qu'il regrettera bien vite, lorsqu'il devra rassembler toutes ses forces afin de relever sa monture. C'est donc non-seulement fatiguant physiquement d'avancer à 4 km/h, mais également mentalement. Quand le terrain ne nous permet pas d'avancer, on pousse notre carapace, et là, il s'agit surtout de combattre la petite voix qui te demande ce que tu fous là. Au milieu du désert, on n'a jamais autant rêvé de boissons fraîches, de fruits juteux et d'énormes morceaux de bidoche (véridique, même Aline en rêvait la nuit!). Mais sous nos yeux défilent des paysages grandioses, parsemés de lagunes, qui nous laissent sans voix. Elles ont la particularité d'être composées de différents minéraux et ainsi, de dévoiler toute leurs beautés respectives au fur et à mesure que nous avançons. A 4000 mètres, c'est le bal de l'arc-en-ciel un peu tous les jours. Vous l'aurez donc compris, aux vues de telles splendeurs, les difficultés sont plus facile à accepter, et à surmonter.
Les routes, ou plutôt pistes, que nous rencontrons sont multiples et peuvent se transformer à chaque instant. Dans le pire des cas, ce n'est que du sable et dans le meilleure des cas, de la tôle ondulée. Bon, tout cela n'est que très rarement roulant et nous passerons beaucoup de temps à pousser nos vélos et un peu moins dessus à pédaler. Finalement, ce qui nous a particulièrement aidé, c'est d'avoir été ensemble pour pouvoir se remonter le moral quand la difficulté nous paraissait insurmontable.
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1er jour sur le salar de Chiguana avec l'ami Mathieu |
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La piste s'étant améliorée, il est possible de faire du vélo pour la fin de cette première montée |
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Un annif paumé au beau milieu de nul part, mais avec un gâteau au chocolat. |
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On vous assure que l'on n'est pas beurrés, mais on a du mal à aller droit... |
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Première lagune et deuxième nuit à la laguna Canapa |
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Laguna Hedionda |
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La laguna Santa Cruz |
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T'as déjà poussé ton vélo à la descente??? |
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Hotel Desierto, et il porte bien son nom. On plantera la tente ici pour la quatrième nuit et on n'aura pas fait beaucoup d'avance ce jour-là. On décide de s’arrêter à 13 h et de se reposer pour la suite. |
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Et au beau milieu de ce décor, on se sent tout petits. |
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Falta poco |
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Notre fameux arbol de piedra... on aura poussé presque toute la journée afin d'y arriver et d'y passer notre 5ème nuit. |
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Arrivée à la laguna Colorada, jour 6. |
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7ème nuit,camping au geysers de sol de Manana à 4900 m. |
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Au petit matin, les geysers bouillonnent déjà d'activité. |
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Descente sur la laguna Chalvin. |
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Camping improvisé entre cyclos à l'abri du vent, devant un refuge spécialement conçu pour les touristes en 4x4. |
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Eh mami, que tal? |
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Laguna Blanca |
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A l'abri du vent. |
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Laguna Verde et son voisin le volcan Licancabur en toile de fond. |
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Au bout des 300 km de piste, un drapeau bolivien flotte au vent pour nous annoncer qu'il est l'heure de quitter le pays. Ce mois en Bolivie nous a paru bien trop rapide, et nous prenons le temps de pique-niquer entre les deux frontières, comme pour y rester juste un peu plus longtemps. On aurait aimé découvrir davantage les merveilles de ce pays et connaître mieux ses habitants, qui nous on paru accueillants. Bolivie, on reviendra! |
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Un peu plus loin, c'est heureux, soulagés et fiers de nous que nous retrouverons l'asphalte, après un total de plus de 800 km de pistes depuis la frontière de Tambo Quemado au Chili. |
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Une dernière photo du volcan Licancabur, du côté Chilien. On se régale, car pour atteindre le "Las Vegas" de la région, la ville - oasis de San Pedro de Atacama, c'est une descente de 40 km qui nous attend, avec 2000 m de dénivelés négatifs! |
En chiffres:
300 km de piste pour la route des Lagunes
8 km/h de moyenne
10 jours en autonomie
16 litres d'eau à transporter pour deux jours
4 kg de pâtes
12 paquets de crackers
2 kg de carottes
1 kg de de tomates
1 kg d'oignons
9 sachets de soupe
1 tube de mayonnaise
2 kg d'avoine
300 grammes de lait en poudre
1 sauce tomate
10 sachets de refresco en poudre, boisson aromatisée aux fruits (pour Cédric)
une grandes quantité de biscuits en tout genre...
200 g de sable par jour dans chaque chaussure
0 crevaisons
0 douches
2 moments durs pour Aline, et que ses yeux pour pleurer
1 dose de volonté
1 remorque de détermination
et un gros paquet d’amour et de rire...
Après cela, on peut vous annoncer qu'au Chili et en Argentine, c'est la fête pour nos estomacs et nos papilles qui redécouvrent les saveurs de la bonne nourriture et des bon vins.