Le temps d'un tour

Le temps d'un tour

lundi 30 décembre 2013

L'Argentine par la route des 7 lacs et retour au Chili

Bonjour à tous,

Un bon bout d'avance depuis notre dernier post, puisque, comme prévu, nous avons très rapidement parcouru la partie nord du chili... en bus! Avons quitté la sécheresse de San Pedro de Atacama pour retrouver un climat plus favorable et méditerranéen à Santiago, où nous nous sommes baladés une journée, avant de reprendre un bus jusqu'à Temuco, plus au sud, pour continuer notre périple à bicyclette depuis là. On entrevoit gentiment la fin du voyage sur le continent sud-américain, par conséquent ce genre de choix s'impose si l'on veut arriver un jour à Ushuaïa. C'est donc 2300 km que nous avons parcourus en bus et ce en 31h. Ouah, ça fait bizarre! Le chili est un très très long pays et nous souhaitions privilégier la partie sud, pour ses grands espaces verdoyants, sa nature intacte et ses endroits reculés.

Nous sommes donc arrivés de bon matin à Temuco et avons directement enfourché nos vélos pour nous diriger vers la frontière Argentine. Direction la région des Lacs, avant un retour sur le Chili (on va sans arrêt passer d'une frontière à l'autre, vous allez y perdre votre latin si vous ne jetez pas un coup d'oeil sur une carte, qu'on devrait vous balancer sur le blog, mais bon...) pour finir avec la descente sur le sud par la célèbre Carretera Australe... Donc voici un petit aperçu de ce premier tronçon de 930 km à bicyclette en Argentine, pays que l'on a apprécié pour son accueil, ses paysages trés verts, les sympathiques personnes rencontrées, ses énormes filets de boeuf (ce n'est pas un mythe) et ses bons vins... 



Les pistes cyclables de Santiago. Changement radical après avoir traversé le Pérou et la Bolivie, nous passons dans un pays développé et organisé.

Sur la route du parc national Villarica au Chili, peu avant la frontière argentine avec en arrière plan le volcan Lanin.

Un incendie a ravagé une partie du parc national Lanin en Argentine et la nature peine à s'en remettre. 

Le même volcan depuis le côté argentin.

C'est l'heure de se laver dans le rio et de constater la blancheur des cuisses du cycliste...

Après les kilomètres de pistes et de sables en Bolivie, nous rêvions de verdure et d'eau. Et bien en veux-tu, en voilà... la région des Lacs en Patagonie du nord, c'est une succession de lacs, lagunes, rivières et autres points d'eau, tous plus transparents les uns que les autres. 

Le lac Lacar, avant San Martin de Los Andes.

Le décor n'est pas le seul à avoir changé, le contenu de nos sandwichs, ainsi que leur taille, ont subi une légère transformation également, et ce n'est pas pour nous déplaire...

Cabaillos

Les lupins s'en donnent à coeur joie.

On s'arrête là?

Vanneau téro dans la brume matinale.

Lago Nahuel Huapi avant Villa La Angostura.


C'est là qu'on réalise qu'on se trouve sous des latitudes bien plus méridionales qu'avant; à plus de 22h00, on se surprend encore à papoter à l'extérieur de la tente (ouh, on est foufous!) et il fait encore jour! On est un tant soit peu déboussolés et il nous faudra quelques jours pour s'habituer à ce nouveau rythme, plutôt agréable.

On traîne nos vieilles casseroles boliviennes... si vous avez suivi l'épisode "atelier mécanique", ça peut vous intéresser de savoir que Cédric aura fini par enlever les filtres de ce sceugneugneu de réchaud, faute d'essence convenable. Alors même l'essence chilienne encrasse actuellement les conduits. Nettoyer le réchaud est donc devenu un rituel matinal, avant de pouvoir chauffer l'eau (dans ce genre de moment, faut pas l'embêter...).


Ahhh, les petits bonheurs de la "Pata"... Quand Cédric sera riche, il achètera un immense terrain ici, il fera du wake-board sur le lac et il boira du bon vin avec ses copains sur son bateau. Ça s'appelle un rêve.



Sur la mythique RN 40 qui traverse l'argentine du nord au sud sur 5220 km. La fameuse route empruntée par un certain Monsieur Guevara sur sa moto.


Plus on pédale en direction du Sud, plus le relief s'accentue, et plus on se croirait parfois en Suisse!




Même l'art nous rappelle un certain plasticien suisse!

Pour ceux qui croient qu'on pédale jour et nuit et nuit et jour, rassurez-vous, on est humains... Ici, on s'est arrêtés deux nuits aux bord du lac Epuyen (prononcez Epuchen, les argentins transforment tout en "che" et "cha"), pour profiter de la tranquillité de l'endroit.







On ne le savait pas, mais il existe par ici une plante, la Cana Colihue, qui ressemble à une sorte de bambou. Lorsqu'elle fleurit, ce n'est qu'une fois dans sa vie, et apparemment, c'est massif. En résulte une tonne de graines, dont raffolent les rongeurs du coin, qui se multiplient à vitesse grand V. Le problème, c'est qu'ils sont davantage à être susceptibles de porter, et donc transmettre un virus, le virus Hanta. En traversant le parc Alerces, il est donc peu recommandé, voire interdit, de camper où l'on veut. On s'est donc saignés pour aller dormir dans un parc à tente! 

Encore du lac....

Et encore du cyclisme... Aline doit avouer que là, elle ne faisait pas la maligne. On ne sait toujours pas pourquoi exactement, est-ce que ce sont les plus de 5 mois de pédalage, la nostalgie d'être loin pendant les fêtes de fin d'année, un vilain tour joué par les hormones, ou simplement un coup de blues?, mais Cédric a dû être bien patient, car il lui en a fallut du temps, pour arriver à la fin de sa journée de pédalage...

Heureusement, les fleurs sont là pour égayer nos journées.

Et les roues pour nous faire avancer!

On vous écrit actuellement depuis la Patagonie chilienne, à Coyhaique. La Cordillère remplit son rôle de gardienne comme une cheffe, et ne laisse rien passer vers l'Est, pas un nuage ni un soupçon d'air humide. Le temps ici, est donc beaucoup plus froid et pluvieux que du côté argentin... On se réchauffe dans les hospedaje-chez l'habitant, où il fait bon pouvoir profiter de sécher ses habits près d'un poêle! Allons fêter le passage à la nouvelle année on ne sait où dans notre tente tous les deux, mais on vous rassure, dans nos sacoches se cachent une bonne bouteille et de quoi se cuisiner un repas digne d'un 31 décembre, perdus dans l'immensité du "Grand Sud" (avec une densité de 3,8 hab au km2, on n'est pas prêts de rencontrer grand monde là où on va, à part éventuellement d'autres cyclistes, et de la pluie). Nous vous souhaitons à tous une excellente et magique année 2014 et nous nous réjouissons déjà de vous revoir l'année prochaine!


mercredi 18 décembre 2013

La route des lagunes

Depuis Bariloche en Patagonie Argentine, et à retardement, nous profitons d'un hôtel et d'une connexion internet pour vous faire part de la dernière partie de nos aventures dans le sud bolivien.

Les derniers achats réalisés, c'est le jour de l'anniversaire de Cédric que nous quittons San Juan pour nous lancer sur la fameuse route des lagunes et les 300 kilomètres de piste qui nous séparent de la frontière avec le Chili. Dans nos sacoches nous avons de quoi tenir 10 jours en autonomie. Avec le plein d'eau que nous pouvons faire chaque 2 jours, les vélos pèsent approximativement 60-65 kg pour celui de Cédric et 45-50 kg pour celui d'Aline. Quasi nos poids respectifs. Nous faisons route pour cette première partie avec Mathieu qui nous quittera le lendemain matin pour avancer plus rapidement dans le but de ne pas louper son avion à Santiago le 17 décembre. C'est avec un peu d'appréhension et un soupçon d'excitation que nous effectuons nos premiers coups de pédale en partant de San Juan. La première journée se déroule principalement sur le Salar de Chiguana (encore un, qui n'égale cependant pas les autres) avec dans l'après-midi une première montée de col sur une piste caillouteuse et sableuse qui mettra déjà le moral des troupes (féminine particulièrement) à rude épreuve. Effectivement, pousser son vélo chargé à souhait sur de la caillasse sablonneuse à la montée, et ce, sur plusieurs kilomètres, ça peut avoir tendance à décourager...
Sur ces pistes du sud Lipez, nous nous apercevrons rapidement qu'il nous est bien difficile d’effectuer des grandes distances et notre moyenne journalière ne dépassera pas les 40 kms. Nous resterons également durant ces 10 jours à des altitudes supérieures à 4000 m, mais depuis le temps nous y sommes habitués et cela ne nous posera pas de problème majeur.
La route est réputée très difficile et nous le savons, mais les paysages sont d'une telle beauté que nous ne pouvons pas nous empêcher d'aller voir par nous même, et comme nos vélo nous ont emmené partout depuis notre arrivée en Amérique du sud, il n'y a pas de raisons que ça change!

Sur ces pistes boliviennes reculées, on ressemble à deux tortues qui évoluent étrangement, comme si on poussait nos carapaces au lieu de les porter. Lorsque le soleil brille, il ne nous réchauffe pas, il nous crame. Lorsque le vent souffle, si il s'agit d'avancer, on prie pour qu'il soit dans notre direction, et si on est arrêtés, on cherche immédiatement du regard un quelconque élément pouvant nous en protéger: grosse pierre ou ruine abandonnée font souvent l'affaire. Nous pédalons ou marchons sans arrêt dans le sable, à tel point qu'il est devenu un peu une prolongation de nous. Lorsqu'il est possible d'avancer à vélo, il vaut mieux rester concentré. Oh malheureux débutant celui qui se laisse aller à quelconque rêverie, qu'il regrettera bien vite, lorsqu'il devra rassembler toutes ses forces afin de relever sa monture. C'est donc non-seulement fatiguant physiquement d'avancer à 4 km/h, mais également mentalement. Quand le terrain ne nous permet pas d'avancer, on pousse notre carapace, et là, il s'agit surtout de combattre la petite voix qui te demande ce que tu fous là. Au milieu du désert, on n'a jamais autant rêvé de boissons fraîches, de fruits juteux et d'énormes morceaux de bidoche (véridique, même Aline en rêvait la nuit!). Mais sous nos yeux défilent des paysages grandioses, parsemés de lagunes, qui nous laissent sans voix. Elles ont la particularité d'être composées de différents minéraux et ainsi, de dévoiler toute leurs beautés respectives au fur et à mesure que nous avançons. A 4000 mètres, c'est le bal de l'arc-en-ciel un peu tous les jours. Vous l'aurez donc compris, aux vues de telles splendeurs, les difficultés sont plus facile à accepter, et à surmonter.

Les routes, ou plutôt pistes, que nous rencontrons sont multiples et peuvent se transformer à chaque instant. Dans le pire des cas, ce n'est que du sable et dans le meilleure des cas, de la tôle ondulée. Bon, tout cela n'est que très rarement roulant et nous passerons beaucoup de temps à pousser nos vélos et un peu moins dessus à pédaler. Finalement, ce qui nous a particulièrement aidé, c'est d'avoir été ensemble pour pouvoir se remonter le moral quand la difficulté nous paraissait insurmontable. 



1er jour sur le salar de Chiguana avec l'ami Mathieu

La piste s'étant améliorée, il est possible de faire du vélo pour la fin de cette première montée


Un annif paumé au beau milieu de nul part, mais avec un gâteau au chocolat.

On vous assure que l'on n'est pas beurrés, mais on a du mal à aller droit...

Première lagune et deuxième nuit à la laguna Canapa






Laguna Hedionda

La laguna Santa Cruz



T'as déjà poussé ton vélo à la descente???


Hotel Desierto, et il porte bien son nom. On plantera la tente ici pour la quatrième nuit et on n'aura pas fait beaucoup d'avance ce jour-là. On décide de s’arrêter à 13 h et de se reposer pour la suite.


Et au beau milieu de ce décor, on se sent tout petits.




Falta poco

Notre fameux arbol de piedra... on aura poussé presque toute la journée afin d'y arriver et d'y passer notre 5ème nuit.





Arrivée à la laguna Colorada, jour 6.












7ème nuit,camping au geysers de sol de Manana à 4900 m.

Au petit matin, les geysers bouillonnent déjà d'activité.



Descente sur la laguna Chalvin.

Camping improvisé entre cyclos à l'abri du vent, devant un refuge spécialement conçu pour les touristes en 4x4.


Eh mami, que tal?

Laguna Blanca

A l'abri du vent.

Laguna Verde et son voisin le volcan Licancabur en toile de fond.



Au bout des 300 km de piste, un drapeau bolivien flotte au vent pour nous annoncer qu'il est l'heure de quitter le pays. Ce mois en Bolivie nous a paru bien trop rapide, et nous prenons le temps de pique-niquer entre les deux frontières, comme pour y rester juste un peu plus longtemps. On aurait aimé découvrir davantage les merveilles de ce pays et connaître mieux ses habitants, qui nous on paru accueillants. Bolivie, on reviendra!

Un peu plus loin, c'est heureux, soulagés et fiers de nous que nous retrouverons l'asphalte, après un total de plus de 800 km de pistes depuis la frontière de Tambo Quemado au Chili. 

Une dernière photo du volcan Licancabur, du côté Chilien. On se régale, car pour atteindre le "Las Vegas" de la région, la ville - oasis de San Pedro de Atacama, c'est une descente de 40 km qui nous attend, avec 2000 m de dénivelés négatifs!



En chiffres:

300 km de piste pour la route des Lagunes
8 km/h de moyenne
10 jours en autonomie
16 litres d'eau à transporter pour deux jours
4 kg de pâtes
12 paquets de crackers
2 kg de carottes
1 kg de de tomates
1 kg d'oignons
9 sachets de soupe
1 tube de mayonnaise
2 kg d'avoine
300 grammes de lait en poudre
1 sauce tomate
10 sachets de refresco en poudre, boisson aromatisée aux fruits (pour Cédric)
une grandes quantité de biscuits en tout genre...
200 g de sable par jour dans chaque chaussure
0 crevaisons
0 douches
2 moments durs pour Aline, et que ses yeux pour pleurer
1 dose de volonté
1 remorque de détermination
et un gros paquet d’amour et de rire...

Après cela, on peut vous annoncer qu'au Chili et en Argentine, c'est la fête pour nos estomacs et nos papilles qui redécouvrent les saveurs de la bonne nourriture et des bon vins.