Le temps d'un tour

Le temps d'un tour

jeudi 26 septembre 2013

Trek Santa Cruz


On ne pouvait passer dans la région du parc national Huascaran sans mettre pour quelques jours nos vélos de côté et partir à pied découvrir une partie de cette chaîne de montagne répertoriée au patrimoine mondiale de l'Unesco. En effet, la Cordillère Blanche comporte plus de 30 sommets à plus de 6000 m dont le mont Huascaran, plus haut sommet du Pérou culminant a 6768 m, et l'Alpamayo. considéré par de nombreux spécialistes comme étant l'une des plus belles montagnes du monde. Ça promet!
Le Trek que nous avons décidé d'entreprendre porte le nom de "Santa Cruz". L'origine du mot est indéniablement géographique puisque la vallée qu'il longe se dénomme "Quebrada Santa Cruz", tout comme la rivière qui y coule et une des surprenantes montagnes que l'on aperçoit, le "nevada Santa Cruz", dont le sommet culmine à 6259 mètres. Et vous nous croirez ou non, mais on n'a pas vu une seule croix le long du chemin...Ce trek d'une cinquantaine de kilomètres se fait sur 4 jours et selon les conseils de notre ami hollandais "Mike the Hike", rencontré à Caraz (il est génial ce type, il est déjà venu au moins trois fois ici, il voyage à travers l'Amérique du Sud à PIED, et il a 64 ans!), plusieurs variantes sont possibles. Nous déciderons donc d'emporter de la nourriture pour 6 jours et on verra bien en cours de route quel itinéraire nous emprunterons selon l'envie du moment.
Nous découvrirons en cours de chemin que ce trek est organisé par diverses agences proposant la totale: guides, mules, muletiers et équipes de cuisines, afin de permettre à tout un chacun de se balader dans ces belles contrées sans se soucier de porter quoi que ce soit, de cuisiner ou encore de monter sa tente. Nous avons croisé quelques groupes et cela ne gâcha en aucun cas la beauté des paysages que nous avons pu traverser. On ne regrette cependant pas d'avoir porté nos sacs relativement lourds, afin de garder notre autonomie nous permettant de bivouaquer où nous le souhaitons. Et disons-le franchement, ce qu'on y gagne surtout, mis à part un bon paquet d'argent économisé, c'est une certaine fierté...


Prêts au départ en compagnie de notre ami Mike qui lui part pour le trek de l'Alpamayo en solitaire pour une durée de 8 jours.


Nous voilà tout frais et tout contents dans la Quebrada Santa Cruz.


1er bivouac. Nous rencontrons ce soir là un allemand nommé Simon et un Colombien nommé José que nous invitons à camper avec nous. Ils sont tous les deux en solo et se sont eux même rencontrés sur le chemin. Nous ferons route ensemble tous les quatres le lendemain.

Couché de nuages.


Day 2, la pampa...






...avant l'eau turquoise (car puissamment minéralisée) des lagunes glacières Ichiccocha et Jatuncocha (signifiant respectivement grand lac et petit lac, en quichua. Bon, sauf qu'en réalité le grand lac c'est Jatuncocha et le petit Ichiccocha...va savoir pourquoi...).






En toile de fond la face sud de l'Alpamayo.






Petit détour afin d'aller bivouaquer au pied de la face sud de l'Alpamayo à une altitude de 4200 mètres.



L'endroit est parfait et on s'émerveille toute la soirée, devant nous se dresse l'Alpamayo, culminant à 5947 mètres.


Vue depuis la tente au petit matin, c'est plutôt pas mal, mais ça caille!


Et oui, des chevaux à 4200 mètres.


Photos souvenirs, avant que José ne nous quitte pour redescendre par le même chemin, nous finirons le trek avec Simon.








Artesonjaru culminant à 6025 mètres. Ça ne vous rappelle pas quelque chose?

- Ah mais oui!!! 

Le même, sous un angle légèrement différent.


Le troisième jour est le plus long car il s'agit de traverser un col. L'ascension nous amène rapidement dans un cirque glacière assez hallucinant.


Nouvelle vue!


Passage du col Punta Union, point le plus haut de ces 4 jours.



La descente est assez abrupte mais entrecoupée de replats et d'une multitude de petites lagunes.



Au matin du 4ème jour, retour dans les vallées habitées. Le temps file, tout comme la laine.




Cette fois-ci, c'est Aline qui est malade, elle s'est bien battue durant les derniers kilomètres et arrivera complètement démontée dans le semblant de village où passe un collectivos nous permettant de rejoindre la civilisation. Le trajet dure plus de 3h00 sur une route bien escarpée, dans un décor majestueux, et nous fait passer un col à 4700 mètres.
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Passage du col à 4700 mètres.



Le mont Huascaran dans les nuages.


De retour à Caraz nous profitons de nous reposer. Cette marche de 4 jours a mis d'autres muscles à contribution, qui ne sont pas tout à fait les mêmes que nous solicitons à vélo.
On prend les mêmes et on recommence, mais on inverse les rôles: Aline combat les petites bactéries qui ont élu domicile quelque part dans son estomac, et Cédric ingurgite une quantité de nourriture invraisemblable dans le but de faire des réserves, mais aussi, tout simplement (et naturellement), par gourmandise.
Une fois remis, nous entamerons la route en direction de Cusco...
A bientôt, et "salud"!!!

samedi 21 septembre 2013

De Cachicadan à Caraz dans la Cordillère Blanche

A Cachicadan, bien que le bled ne paie pas de mine, on rencontre une mamita super généreuse qui nous remplit notre assiette gratuitement une deuxième fois (Cédric ne dit pas non) et tient absolument à nous donner des sodas supplémentaires (Cédric ne dit pas non). Bon, on reste là? Cédric est plein et ne dit pas non... 
Après 6 jours sans douche, on s'offre le luxe d'une nuit à l'hôtel... et c'est le paradis quand on réalise qu'il y a une baignoire thermale dans notre chambre! C'est donc rafraîchis qu'on quitte Cachicadan pour se lancer sur les 85 km de piste sinueuse qui vont nous mener au village haut perché de Pallasca, avant d'entamer une impressionnante descente jusqu'au fameux Canon del Pato, seul accès depuis le nord pour la Cordillère Blanche. Comme diraient certains, les décors furent "hauts en couleurs":-)



Juste avant de traverser ce Rio, on rencontre un type à moto qui nous dit qu'il ne faut surtout pas boire l'eau, elle serait contaminée par du cyanure provenant de la mine en amont, et blablabli et blablabla. Bref, au bout de 10 minutes de conversation, il nous dit: "vamos" et nous comme des gros boeufs on le suit en poussant notre vélo. Celui d'Aline tombera à l'eau lorsque Cédric tentera de l'aider (ouf, nos super sacoches Ortlieb fonctionnent à merveille), et Cédric trempera ses chaussures pour de bon. C'est seulement une fois de l'autre côté, lorsque le chauffeur d'un camion s'arrête pour nous prendre en photo (?!), qu'on réalise qu'il y avait un mini pont de planches quelques mètres plus haut. Bein quoi, on apprend...

Matte les zapatas...


Matte toujours les zapatas. Tu auras remarqué que ce ne sont que des minis baskets de toile. Comme ça, ça paraît anodin, mais quand il s'agit de passer la soirée à cuisiner à 3000 mètres, c'est pas très chaud, même avec double couche de chaussettes. Là, on s'est planqués derrière une forêt d'eucalyptus, non-loin de Tulpo, un village que l'on voulait éviter. Toute la journée on nous a parlé de la fiesta du bled, qui dure plusieurs jours, à l'occasion d'on ne sait quelle misericordia.


Le landemain matin, à 8h45, on se dit qu'on a bien fait. Pas pour les bandas régionales, pourtant très intéressantes, mais pour le tas de bourrés qui traîne encore dans les rues et qui est déjà en train de remettre une énième couche... comme nous le dira si bien une commerçante de Pallasca un peu plus tard, "estan extremos". Ah bon?



Pause café dans ce village coloré et désert ( évidemment, ils sont tous à la fiesta). C'est ici qu'on fera notre première rencontre avec d'autres cyclos, un couple belge qui remonte l'Amérique du Sud depuis Ushuaïa, avec qui il est fort sympathique d'échanger.


Séchage de briques au soleil.


Alors ça, c'est les 22 contours menant à Pallasca qu'on voit en descendant jusqu'au fleuve.


On appréhende un peu.


Ça s'avère plus facile que prévu. Après une heure, on est en haut. Enfin, en haut des contours. C'est la fin qui est horrible, pour arriver à Pallasca, ça grimpe encore méchamment, et c'est surtout méga raide. Aline a faillit pleurer en arrivant au centre du village. De joie oui, mais surtout de douleur (y'a certains détails qu'on préférera ne pas mentionner).

Mais la montée est belle.


Le landemain, le spectacle est grandiose.


On est surtout hyper motivés par la descente.


On n'est pas déçus, c'est superbe!


En aval des rivières, il n'est pas rare de rencontrer une mini entreprise péruvienne de vaillants chercheurs d'or. Ils travaillent dur pour pas grand chose apparemment.


Pas vraiment rassurant...






Ce village a beau s'appeler Chuquicara, il n'est pas très très chouqui. Situé au départ du Canon del Pato, ce sont plutôt une dizaines de "tiendas" (=petits magasins faits de tôles et de bois trouvés dans le Rio, dans lesquels les gens habitent aussi) qui longent la route principale. Attirés par la couleur des bancs ( c'est bien la seule tienda  si bien achalandée), on s'arrête pour boire un soda et on finit par y rester car la commerçante a l'habitude des cyclos et nous propose de poser notre tente. Selon elle, dormir dans le canon serait dangereux, un type à vélo se serait fait tuer. Ok on n'y croit pas trop mais on va rester là. Malgré la glauquitude du lieu (c'est sale, y'a rien, ça pue), nos hôtes sont hyper sympas. Mais on dort sacrément mal: un vieux bourré s'installe à côté de notre tente et surtout, d'énormes camions et une multitude de voitures transitent une bonne partie de la nuit, et on se dit qu'on est finalement bien plusà la vue de tous et bien  moins safe qu'au fin fond du canon...


Le voisinage.


Canon del Pato, nous voici.

On fait pas les malins, on ne sait pas vraiment pourquoi, mais on n'a pas la peach. Après 10km, on fait déjà une petite pause. On ne sait pas encore, mais la route sera longue...



Un type de Lima s'arrête pour nous filer des biscuits et discuter, nice!


C'est impressionnant!


Les bus arrivent à coin, faut s'gaffer.



Avons passé la nuit dans un petit bled fort sympathique au milieu du Canon, là où poussent miraculeusement mangues et papayes! Un peu de verdure dans toute cette sécheresse, c'est pas de trop! En nous voyant arriver à "Buena Esperanza", trois enfants nous mènent directement à la seule Hospedaje du coin, en criant "gringos gringos". Plus tard, alors qu'on cuisine depuis notre terrasse où la vue sur le canon et le village est imprenable, ils nous demanderont si on aime qu'on nous appelle comme ça! Tiens, des enfants qui réfléchissent, ça fait plaisir parce que ça ne court malheureusement pas tous les coins de rue...


 

Le lendemain, il s'agit de passer plus d'une trentaine de tunnels, parfois bien plus longs que ceux-ci. Cédric n'a pas du tout la forme et doit se battre contre lui-même. On s'engueule un bon coup au beau milieu du Canon, et ça va mieux.








On atteint Caraz en fin de journée, les sommets enneigés de la Cordillère blanche se découpent en face de nous et de la Cordillère noire, c'est magique. Nous sommes restés quatre jours ici, dans une petite auberge où il fait bon se relaxer dans les cours intérieures, prendre de bons petits déj au soleil sur la terrasse, et surtout, où on se repose. Cédric a le temps de se refaire une flore intestinale digne de ce nom, (c'était pas pour rien qu'il se sentait fébrile en fin de parcours...), alors qu'Aline reprend la plupart des kilos perdus en dégustant de délicieuses tartes aux pommes et autres succulentes pâtisseries locales. On a fait la rencontre d'un hollandais qui lui, voyage à pied et connaît par coeur la Cordillère Blanche. Nous avons donc décidé de partir trekker quelques jours pour mieux découvrir ces vallées et sommets enneigés. Il n'y a aucun village le long du trek que l'on va faire, donc on part avec 6 jours de nourriture! On vous embrasse tous très fort, vous nous manquez!